LES NOCES... AU MET
Première, hier soir, des Noces de Figaro de Mozart au Metropolitan Opera et j'y étais (Youpi !).
J'appréhendais ces 3 heures 20 de spectacle, étant placée dans le Family Circle (poulailler local) mais je fus agréablement surprise par la visibilité et le confort des places. Et ce ne sont pas mon voisin de devant (" crâne d'oeuf " qui soupirait de mécontentement au moindre bruissement de l'audience) ou ma voisine de droite (la " boulimico-boulotteuse " qui s'est envoyée un semi-remorque de gâteaux apéritifs durant tout le spectacle) qui ont pu gâcher mon plaisir...
Mais... Soyons plus sérieux et revenons à l'oeuvre...
On a eu droit à une production aboutie de Jonathan Miller (qui s'est frotté, pour la première fois au Noces en 1978... Il sait, donc, de quoi il parle...), des décors monochromes (dans le style gustavien) impressionnants qui ont bien mis en valeur les somptueux costumes de James Acheson, l'homme aux nombreux césars (en 1988 pour les costumes du Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, en 1989 pour ceux des Liaisons dangereuses de Stephen Frears, et en 1996 pour Le Don du roi de Michael Hoffman).
Les voix féminines ont, incontestablement, dominé l'oeuvre (malgré un orchestre un peu trop " présent " qui couvrait, parfois, la voix des interprètes). J'aimerais en dire autant des hommes, mais ce ne fut, hélas, pas le cas... Un comte Almaviva (Michele Pertusi ) sans charisme ni majesté... Un Figaro (Erwin Schrott) sans véritable présence dans une oeuvre qui repose, tout de même, pour beaucoup sur ses épaules.
Hei-Kyung Hong a parfaitement endossé le rôle de la contesse (elle " est " l'héroïne altière et brisée) et nous a ravi dans ses solos : " Dove sono i bei momenti " a déclenché un tonnerre d'applaudissements et de vivas. Moment d'émotion lorsqu'elle fait son entrée dans le dernier acte, telle une apparition, dans un halo de lumière, toute de blanc vêtue, pour accorder son pardon au mari infidèle.
Beaucoup d'interprètes féminines faisaient, ce soir, leurs débuts sur la scène du Met : Anke Vondung en Cherubino ou Kathleen Kim en Barbarina, entre autres.
Susanna est considérée comme le rôle le plus long dans le répertoire " soprano " (en terme de " présence sur scène et mesures chantées ") et la " petite " Lisette Oropesa (que l'on a découvert en France dans Operalia en juin 2007) a relevé le défi de main de maîtresse.
Anke Vondung a, encore une fois, montré combien elle est à l'aise dans les rôles masculins joués par des femmes, après Gretel dans Hansel et Gretel d'Engelbert Humperdinck (en janvier 2000 au théâtre du Châtelet) Siebel dans le Faust de Gounod (au Munich State Opera en 1999) le chevalier dans Le Chevalier à la rose de Richard Strauss (en décembre 2007 à Bastille)...
Une agréable surprise : la présence de Kathleen Kim (petite débutante au Met mais un palmarès de rôles déjà impressionnant), qui a merveilleusement endossé le rôle de Barbarina avec sa magnifique voix de colorature, pleine de légèreté.
Un très bon spectacle que je vous recommande de voir : vous aurez l'opportunité de le faire jusqu'au samedi 1er décembre 2007.